Du Moyen-âge au XVIIème siècle
On trouve les premiers témoignages de l’existence du château de Mons, en 1049. A cette date, c’est l’un des deux châteaux de pierre connus dans le pays d’Ambert. La famille qui y résidait était de petite noblesse terrienne qui a pris le nom de sa terre : Mons, ou Monts (lat. Mons, montis, la colline). Par alliances successives, les noms d’Aubeyrat, de Beaune et de Reynaud de Pons seront accolés à celui de Mons. Jusqu’au XVIIIème siècle, la famille de Mons va notablement s’élever et s’enrichir.
XVIIème siècle : un mariage constructif !
1624 est une date essentielle pour le château. En effet, un jeune écuyer du Roi, compagnon de Turenne, Claude de Reynaud de Pons, va épouser une jeune femme du château. Ce jeune écuyer de 24 ans est le numéro trois de sa fratrie : selon la règle successorale de l’époque (« primogéniture par les mâles »), seul l’ainé hérite de la plus grande partie des biens ; Claude ne peut donc hériter des biens de son père. Or, surtout à cette époque, noblesse et propriété terrienne vont de pair et Claude ne possède rien. Comment peut-il avoir une belle propriété s’il n’en hérite pas ? Comment avoir un château sans argent pour l’acquérir ?
Seul le mariage peut le rendre propriétaire. Il lui faut donc trouver une femme disponible, qui peut hériter d’un château. Mais pour qu’elle puisse hériter, il faut aussi qu’elle n’ait pas de frère ! Il viendra donc jusqu’à Arlanc trouver cette perle rare. Le mariage se fera mais le père de la mariée, en bon Auvergnat, mettra deux conditions dans le contrat de mariage. Tout d’abord, il impose à son gendre de « relever son nom », c’est-à-dire d’accoler le nom de Monts à celui de Reynaud : cette condition se comprend car, comme il n’a pas de fils, son nom serait perdu. De plus, il exige que son gendre fasse sa demeure principale du château ; en effet, le père se méfie, il craint que le mariage ne soit qu’un prétexte, il veut que son gendre s’occupe de la propriété qui, à cette époque, représente 140 hectares et 3 ou 4 fermes.
Le mariage fait, le gendre devra quand même rejoindre Turenne en Italie pour deux campagnes militaires (entre 1639 et 1643). A cette occasion, comme ce fut le cas pour tous les Français qui se sont rendus en Italie depuis la fin du XVème siècle, il est très impressionné par l’art et l’architecture du pays. Quand il revient à Mons, dans son château médiéval (sombre, petites ouvertures, humidité, ….), il décide de tout changer : il modifie profondément la structure du château et le transforme en une « maison de plaisance » italienne, à l’image des villas Médicis. Cette fois, tout est grand et lumineux (1700 M2, 30 pièces, plafonds à 4,5 mètres, …). Un jardin à l’italienne en terrasses est accolé au château, la partie basse étant planté de motifs de buis à la française. A la fin des travaux (vers 1690), son fils fera réaliser un grand tableau à la manière du peintre des Médicis, Utens. Ce tableau est toujours exposé à Mons.
XVIIIème siècle :
Marc-Antoine Sérapion de Reynaud de Mons, dit le chevalier de Renaud, fut reçu en 1752 page de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère du futur roi Lois XVI. Il fut ensuite nommé inspecteur général des écoles royales militaires, période durant laquelle il intervint notamment dans les débuts de la carrière militaire de Bonaparte (" Bonaparte avait été choisi par Monsieur Reynaud de Monts, inspecteur des écoles militaires, pour faire partie des élèves de Brienne qui devaient en sortir pour aller à Paris…" Mémoires de Alexandre des Mazis).
La Révolution :
Les Reynaud de Pons, seigneurs de Monts, résideront au château jusqu’à la Révolution. A cette époque, ils sont expulsés, mais leur château leur sera rendu sous la Restauration. Le château a du subir des dégradations. Peut-être est-ce pour cette raison qu’ils décident de le vendre à un habitant de la région : Claude Bravard de la Boisserie.
XIXème siècle
Cette famille Bravard est, à l’instar des Mons au Moyen-âge, d’une noblesse qui se construit sur plusieurs générations. Au XVIIème, les Bravard sont marchands de dentelles ; au XVIIIème, ils acquièrent la seigneurie de Sarrat ; Claude Bravard est député du Tiers-état. Les Bravard s’élèvent socialement (l’un est procureur à Arlanc à la fin du XVII°, l’autre est notaire, toujours à Arlanc), ils s’impliquent dans la vie sociale, notamment Claude Bravard qui fut conseiller général en 1800. Il est aussi le chef du parti monarchiste du Puy-de-Dôme. En septembre 1814, il est anobli par décision de Louis XVIII et prend le nom de Bravard de la Boisserie. L’année suivante, il acquiert le château.
Sa petite-fille, Henriette, sera très active dans la restauration du château : elle ramènera notamment d’Italie un peintre, Dedominicci, qui réalisera de nombreuses fresques et, surtout la très vaste peinture au plafond du hall d’entrée. Henriette épouse Turquet, propriétaire du Vieux château Henri IV à Senlis. Turquet prend alors le nom de Turquet de la Boisserie.
XXème siècle : un siècle de perturbations
La descendance de cette famille vendra le château dans les années 1930. La propriété sera alors dispersée, les fermes et les terres données ou vendues, ainsi que les meubles.
A compter de cette époque, le château changera souvent de mains (propriété d’une association de veuves de guerre, Groupe de transit des étrangers avant et durant la Seconde Guerre Mondiale, propriété des comités d’entreprise Air-France ou Renault qui en feront des colonies de vacances).
Il deviendra un restaurant à compter de 1985 : des travaux importants seront réalisés pour préserver le château (rénovation du toit et installation d'un chauffage central à écorces de bois).
XXIème siècle : à la recherche du temps perdu
En juin 2005, le château est acquis par les actuels propriétaires, Philippe et Catherine Hugot, qui ont décidé de le restaurer dans son style italien du XVIIème siècle. Parallèlement, des recherches historiques sont menées pour écrire l’histoire de Mons, mais aussi pour tenter de reconstituer le plan du château médiéval à partir des pièces et murs encore existant. Les jardins sont en cours de réhabilitation.
Ces travaux et cette démarche ont abouti à l’Inscription du château de Mons au titre des Monuments Historiques en février 2012.